Interview par l’Atelier Brunette

Interview Laetitia Drouet // Kamélion couture par l’Atelier Brunette

Laetitia, est-ce que vous pouvez dans un premier vous présenter, présenter votre parcours et également votre marque Kamélion Couture à notre communauté ?

Laetitia Drouet j’ai 38 ans, je suis créatrice de robe de mariée dans une petite ville à coté de Nantes.

J’ai créé la première robe de mariée kamélion-couture en 2009 c’était pour mon propre mariage parallèlement j’ai lancé l’entreprise. Ça a vraiment débuté l’année suivante lorsque j’ai eu ma fille, c’est à ce moment-là que j’ai développé l’entreprise.

J’ai commencé à travailler à la maison et puis au bout de 4 ans j’ai pris le local dans lequel je suis depuis maintenant 6 ans.

J’ai un BAC pro artisanat et métier d’art option vêtement et accessoire de modelé Un Cap et un BEP métier de la mode.

J’ai commencé mes études de couture à l’âge de 16 ans après le collège, à cette époque la couture était plutôt démodée, tout l’inverse d’aujourd’hui. En 3ème quand ma conseillère d’orientation m’a demandé ce que je voulais faire comme métier, je lui ai expliqué que je voulais mettre un tissu sur un mannequin pour créer des robes j’avais une idée bien précise de ce que je voulais faire.  C’est elle qui m’a orienté vers le lycée de la mode de Nantes.

On peut dire que je fais exactement ce que j’ai décrit à ma conseillère d’orientation.

Je travaille toute seule et réalise les robes de A à Z le croquis, le moulage, le patronnage, la coupe, je couds et réalise les finitions.

Vous avez réalisé votre rêve de devenir créatrice de robes de mariées sur-mesure, un rêve depuis votre plus jeune âge. Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser dans ce type de création ?

Je rêvais de travailler dans la haute couture mais je ne voulais pas vivre à Paris ce n’est pas mon projet de vie, même toute jeune.

La formation que j’ai reçue était vraiment axés sur la haute couture et les finitions haut de gamme (le savoir-faire français), dans la robe de mariée je trouve vraiment toute cette beauté du travail bien fait, c’est minutieux on travail vraiment des dentelles et matières exceptionnelles. Et Il y a un vrai travail de stylisme et de modélisme dans ce métier.

La robe de mariée pour moi c’est un moyen de faire de la belle couture dans un secteur où il y a une clientèle pour ça.

Vous recevez vos clientes dans le cadre intimiste de votre atelier à Nantes, comment se déroule en général un rdv, quelles sont les différentes étapes ?

Il y a entre 4 et 5 rendez-vous.

Le premier rdv on dessin la robe, on discute beaucoup, parfois je peux proposer des essayages mais ce n’est pas systématique.

Ensuite il y a le rdv prototype c’est comme un brouillon, je réalise une base de patron puis je fais le moulage sur la cliente c’est là où je vais adapter le modèle a la morphonologie.

Après 1 ou 2 essayages tissu en fonction de la complexité de la robe.

Et le dernier rdv avec une petite retouche si besoin (parfois les clientes ont perdu un peu de poids à cause du stresse).

Les délais dépendent de la personnalité de la mariée, il y a celle qui ont très vite envie de commander leur robe et a l’inverse celle qui s’y prennent au dernier moment. Le minimum en pleine saison c’est 6 mois mais en saison basse (en hiver d’octobre à mars) je peux faire une robe en 6 semaines.

Kamélion Couture, votre marque, propose deux types de prestation : les robes de mariées de votre collection ou les robes de mariées sur-mesure. De combien de robes se compose votre collection ? Est-ce que ce sont des collections permanentes ou qui sont renouvelées régulièrement et à quel rythme ?

Je crée une collection de six modèles tous les 2 ans. Petite collection qui va avec ma démarche Eco conception. Ces 6 robes sont assez différentes les unes des autres.

Les années ou je ne fais pas de collection je réalise entre 3 et 4 nouveaux modèles repartis sur l’année, des inspirations d’un instant T.

Toutes ces créations sont destinées à montrer mon travail, mon identité, elles peuvent aussi être essayer lors des rendez-vous.

Parfois certaine ont un coup de cœur sur un des modèles la robe est alors refaite aux mesures de la cliente.

 

Concernant les robes de mariées sur mesure, comment se passe cette collaboration avec les futures mariées ? Ont-elles une idée en tête ou est-ce qu’elles laissent libre cours à vos inspirations en fonction de leur histoire, du type de cérémonie qu’elles vous décrivent par exemple ?

Ça dépend de la personnalité de chacune et de ce qu’elle cherche en venant chez moi.

Il y a les clientes qui veulent que je sois la créatrice de leur robe car elle aime plusieurs de mes modèles et mon état d’esprit et celle qui veulent du sur-mesure car elles ont une idée plus ou moins précise de que qu’elles veulent. Par exemple un dos particulier.

Quoi qu’il en soit c’est une vraie collaboration entre elle et moi.

On discute beaucoup lors du premier rdv, beaucoup de critères entre en compte pour dessiner leur robe. Le lieu de cérémonie, l’identité de la cliente, ses goûts, ses attentes, ses envies….

 

Est-ce que pour ces robes sur-mesure vous vous imposez les mêmes contraintes écoresponsables et zéro déchet que pour vos collections ou est-ce qu’il est quand même plus difficile de faire cohabiter les exigences des futures mariées avec vos convictions environnementales ?

Bien sûr c’est toujours présent, je suis tellement imprégnée par cette démarche que je fais certaine chose machinalement.

Pour certaine coupe je propose les 2 options à la cliente et j’explique comment ça aura un impact sur la forme de la robe, mais elles sont très réceptives en général.

 

Justement, on va maintenant parler des valeurs de votre marque, Kamélion Couture. Quelles sont les actions mises en place au sein de votre atelier pour réduire votre impact environnemental ?

Au début c’était des petites choses : prendre le reflex d’éteindre la machine à coudre à la fin de chaque opération, j’ai acheté un fer à repasser avec l’option éco, il s’éteint automatiquement au bout de 5 minutes. Je n’ai plus de lumière dans ma vitrine. Je ne chauffe pas l’atelier quand je n’y suis pas…

Les prototype par exemples ils sont toujours démonté afin de faire de nouveau prototype dans la toile.

L’achat des matières premières qui viennent au maximum de France, un de mes fournisseur français achète hors union européenne mais me propose des produit oeko tex et des tissus en fibre recyclé. Je ne fais pas de stock de tissu hormis la dentelle de calais que j’utilise beaucoup (la dentelle de calais on achète un panneau et c’est 5 mètres en moyenne) le faite de ne pas faire de stock me ferme la porte au tissu GOTS et bio (j’entends par là : ceux qui convient à la fabrication de robe de mariée).

J’utilise le Tencel qui est une marque Autrichienne déposé connu aussi sous le nom de lyocell. C’est une fibre produite à partir de pulpe de bois on récupère l’corse de bois d’arbre feuillus comme l’eucalyptus ou le bambou. Les arbres ne sont pas coupés, ils sont dévêtus, se type d’arbre a la capacité de se régénère très rapidement. Le solvant utiliser pour dissoudre la pulpe est naturel et non-toxique et biodégradable. Quasiment les mêmes propriétés que le coton à la différence que les arbres n’ont besoin que de très peu d’eau.

Et puis bien sur la conception des robes notamment avec la mise au point de patronnages zéro déchet. Pour les bas de robes j’essaie au maximum d’utiliser mon patronage zéro chutes. J’ai mis au point la robe Zoé pour laquelle j’ai moins de 1 ,5 % de chutes.

Il faut savoir qu’en règle général c’est minimum 15 % de tissu par mètre carré qui sont jetés lors de la coupe d’un vêtement et jusqu’à 40 % pour certaines Marques.

Quand on travail des matières nobles qui sont cher à l’achat ça fait mal au cœur de jeter. Alors dans un soucis économie et écologique j’ai réfléchi à la mise au point de ces patrons.

Il y a quelques contraintes, je ne peux pas utiliser de tissu brillant ou a motif car j’utilise beaucoup de tête bêche.

Est-ce que ce sont des processus qu’il a été facile d’intégrer à la création de robe de mariées qui est quand même un projet assez particulier et unique et quelles sont les contraintes que vous avez pu rencontrer dans cette démarche ?

Comme je disais juste avant le fais de ne pas faire de stock et trouver les matières compatibles à la robe de mariée.

J’ai choisi des fournisseurs qui ont des collections permanentes. Je dois être sûr que les tissus que j’utilise seront toujours disponible dans 1 ou 2 ans. Je ne peux pas me permettre de dire à une cliente que le tissu qu’elle a choisi n’existe plus.

Je trouve que ça boost la créativité, quand j’ai de contrainte je suis plus inspirée ça m’ouvre des perceptives.

J’ai changé ma façon de créer, à présent que je dessine une nouvelle robe, le patron zéro déchet est présent dans ma réflexion. Je vais dessiner mon idée générale et après je retravail mon croquis en imaginant comment je vais optimiser mon placement de patron pour ne pas avoir de chutes ou très peu.

En 2015 vous avez d’ailleurs réalisé une robe de mariée conçue uniquement à partir de chutes de tissus de l’année passée, qui vous a valu un article dans le Washington Post. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce projet un peu fou ?

C’était en février 2015, j’ai découvert le zéro déchet ce n’était pas encore très connu. Les choses on commencer à changer pour moi j’ai lu le livre de Bea Johnson ça été une révélation et on a commencé ça s’y mettre à la maison.

J’avais comme la plus par des couturières ce bac rempli de chutes que je me resignais à jeter « on ne sait jamais ça peut servir »

J’avais fait du chemin dans le zéro déchet dans ma vie personnel et je trouvais absurde de pas le mettre en pratique à l’atelier. Donc à la fin de ma saison 20215 j’ai eu cette idée, faire une robe avec toutes les chutes de mon bac.

Et ensuite j’ai organisé un shooting sur le mariage zéro déchet. Et puis avec l’émergence du zéro déchet ce shooting a commencé à être partager.

Fin 2018 j’ai reçu mon mail d’une pigiste américaine (Katherine Roth) qui voulais parler de cette robe dans un article sur le mariage zéro déchet, c’était Bea Johnson qui lui avait donné mes coordonnées. C’est quand l’article est sorti que j’ai découvert que c’était le Washington post, après l’article a été pas mal repris par plusieurs magazines américains, puis depuis des magazines français comme Madame Figaro.

Peu de temps avant, en 2014, vous ouvrez votre premier boutique / atelier. Comment avez-vous pensé ce nouvel espace, cette nouvelle vitrine pour Kamélion Couture ?

J’ai eu la chance que le local que je convoitais se libérais, ce n’est pas très grand donc j’ai optimisé l’espace 1 coté atelier 1 coté essayage. C’est mon petit cocoon j’ai chiné la déco et les couleurs sont neutre et lumineuse, bois blanc et une pointe de rose poudré.

L’année dernière, vous obtenez le titre de maître artisan en métier d’art, pouvez-vous nous en dire plus sur ce titre ?

le titre de Maître Artisan en métier d’Art représente la plus haute distinction pour les métiers d’art de l’artisanat. Le titre, est attribué  par le Président de la Chambre pour moi celui des pays de la Loire.

Pour prétendre à ce titre il faut soit avoir un brevet de maitrise et exerce depuis 2 ans où être installé depuis 10 ans et justifier d’un savoir-faire reconnu.

Pour moi c’était en plus de mes diplômes, plusieurs reconnaissances, pour commencer ma médaille de bronze de la meilleure apprentie en 2000 mon prix des métiers d’art en 2003, un concours professionnel en 2013.

Il faut également d’un certain nombre de connaissances de gestion d’entreprise et avoir participé à des actions de formation, avoir transmis son savoir, par exemple à des stagiaires.

J’ai obtenu ce prix pour la création de robe de mariée. C’est en effet une belle reconnaissance de votre expertise et de votre savoir-faire.

Alors il faut savoir que Kamélion Couture propose, en plus donc des robes de mariée, d’autres produits. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces autres gammes de produits ?

Oui j’ai également un e-commerce ou je propose des accessoires pour la mariée, une collection de déshabillé en dentelle et en soie.

 

Pensez-vous élargir encore votre gamme de produits à l’avenir ? Ou avez-vous de nouveaux projets ou d’autres ambitions pour Kamélion Couture ?

J’aimerai développer une gamme cortège composé de top et jupe pour enrichir mon e-shop.

Je travaille aussi sur une nouvelle gamme de kimono en matières bio.